Les moustiques en France

Les moustiques en France : espèces, biologie et comportement

Les moustiques en France métropolitaine sont représentés par 67 espèces. Mais d’avantage d’espèces se rencontrent en outre-mer. Certains sont autochtones et d’autres ont été introduits comme le moustique tigre. Quelques-uns sont vecteurs de maladies touchant les êtres humains : dengue, chikungunya, fièvre du Nil occidental,… Mais ils ont tous en commun une physiologie, une biologie, des comportements similaires, notamment un goût affirmé pour le sang chez les femelles.

Les moustiques présents en France métropolitaine et d’outre-mer sont soit indigènes, soit introduits d’un autre pays. Tous ces insectes partagent une alimentation commune chez les femelles adultes, le sang. On dit qu’ils sont hématophages et parfois on peut lire qu’ils sont sanguinivores. Les moustiques en France métropolitaine sont pour la plupart inoffensifs. On peut alors leur reprocher d’être de désagréables piqueurs et de brouillants compagnons nocturnes. Mais il existe des espèces qui sont capables de transmettre des maladies, parfois graves, à l’Homme et à d’autres espèces animales.

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Classification et morphologie des moustiques de France

Ces insectes volants appartiennent à l’ordre des Diptères, au même titre que les mouches. Appelés moustiques ou maringouins, ils forment la famille des Culicidés. Le nom moustique est dérivé de l’espagnol mosquito, qui signifie “petite mouche”.

On retrouve les 3500 espèces dans les régions tropicales et tempérées du monde entier, ainsi que dans les régions boréales. C’est la zone intertropicale qui compte le plus grand nombre d’espèces de moustiques. La seule région non colonisée est l’Antarctique. C’est dire que les moustiques sont une famille d’insectes qui a remarquablement réussie !

Les entomologistes ont répertorié 67 espèces de moustiques en France. Si toutes ne sont pas nuisibles, certaines causes des désagréments ou peuvent être responsables de la transmission à l’être humain de maladies graves. C’est le cas notamment du moustique tigre.

Stades de développement du moustique

Les moustiques sont des insectes qui passent par quatre stades de développement dont les trois premiers sont aquatiques :

  • oeuf
  • larve (comptant quatre stades larvaires)
  • nymphe
  • adulte (nommé aussi imago)
Larves de moustique du genre Culex, reconnaissables au siphon qui permet leur respiration à la surface.

Chez les moustiques, les différences entre la larve et l’adulte sont très marquées, aussi bien par leurs apparences que par leurs comportements. La larve est aquatique et l’adulte est un insecte ailé. Et l’on retrouve aussi d’autres différences physiologiques notamment alimentaires.

L’oeuf

ponte d'un moustique du genre Culex
Les moustiques peuvent pondre des oeufs qui vont se disperser dans l’eau ou bien former ici un radeau comme pour le genre Culex.

La larve va naître d’un oeuf après quelques jours d’incubation. Cet oeuf est d’aspect fusiforme. Les femelles les pondent à la surface de l’eau ou bien à proximité de l’eau en prévision d’une inondation. Les oeufs peuvent être pondu et se disperser isolément ou bien former des amas. Chez ces espèces qui pondent hors de l’eau, les oeufs peuvent rester à l’état de dormance pendant plusieurs mois à plusieurs années, jusqu’à ce que les conditions climatiques optimales fassent leur retour.

La larve

Schéma d'une larve de moustique
Schéma d’une larve de moustique du genre Culex.

 

La larve peut être assez différente d’un genre de moustique à un autre. Cela permet d’orienter l’identification à la première observation.

On remarque comme chez le moustique adulte et les insectes en général, la larve est composée de trois parties : tête, thorax et abdomen. L’abdomen est formé de huit segments. Les larves respirent de l’air à l’aide de leur siphon chez les moustiques des genres Aedes, Culex et Culiseta. Ou directement à la surface pour les larves du genre Anopheles.

La durée de vie larvaire va dépendre de la température de l’eau. En France, durant le mois de mai, ce stade peut prendre un mois. Durant l’été lorsque l’eau est plus chaude, il peut être raccourci à une semaine.

La nymphe

nymphe ou pupe de moustique
La nymphe de moustique du genre Culex – également nommée pupe – est un stade durant lequel l’animal ne s’alimente pas.

Entre le stade de la larve et le stade de l’adulte se place la nymphe. Cette étape dure d’une à deux journées. La nymphe ne se nourrit pas et elle puise dans les réserves accumulées durant le stade larvaire. La nymphe prépare l’insecte à sa vie adulte.

L’adulte

Schéma d'un moustique adulte
L’adulte ou imago d’un moustique est très semblable d’un genre à un autre et il est parfois difficile de les identifier.

Le moustique adulte ou imago présente quelques particularités intéressantes. Il porte deux paires d’ailes dont l’une est atrophiée. Celles-ci sont nommées balanciers. Ces ailes minuscules sont en fait des organes sensoriels qui permettent au moustiques de s’orienter correctement durant son vol. Ils se rencontrent chez tous les Diptères dont les mouches.

La paire d’ailes fonctionnelles battent plus de 700 fois par seconde. Ce qui est un record pour des insectes de cette taille. Cette fréquence élevée est aussi caractéristique du vrombissement caractéristique des moustiques. Ces ailes sont actionnées par des muscles se trouvant à l’intérieur du thorax.

Schéma des pièces buccales d’un moustique. source adaptation de wiki bugwood.
La trompe

La trompe est l’organe perforateur qui permet au moustique femelle de prélevé le sang de l’hôte. Cette trompe renferme plusieurs pièces buccales qui vont permettre à l’insecte de percer la peau et un vaisseau sanguin et de ponctionner le sang.

Ce schéma ci-contre présente des différentes pièces qui composent la trompe d’un moustique. Le 1 est le labrum, le 2 est le labium, le 3 est l’hypopharynx, les 4 sont la paire de maxillaires et la paire de mandibules et le 5 est l’une des deux antennes portées par la tête de l’insecte.

Le labium (2) est la partie qui contient toutes les autres pièces buccales. Il ne permet pas de percer la peau. Lorsque la femelle pique, le labium qui est flexible reste à l’extérieur. Les mandibules et maxillaires (4) permettent de percer la peau est de garder les tissus écartés. Une fois la voie vers un vaisseau sanguin ouverte et ce dernier percé, l’hypopharynx (3) et le labrum (1) qui sont des conduits creux comparable à l’aiguille d’une seringue, vont entrer en jeu. L’hypopharynx va injecter de la salive dont les propriétés sont multiples. Mais dont la principale est d’assurer la fluidité du sang. Le labrum pour sa part va permettre la prélèvement et l’ingestion du sang par pompage. Cet ingénieux dispositif rend la piqûre indolore. Les démangeaisons viendront quelques minutes après le départ du moustique.

gros plan sur la tête d'un moustique qui pique
La flèche rouge montre le labium qui reste à l’extérieur et la flèche bleue désigne les autres pièces buccales qui s’insèrent dans la peau de l’hôte.

La femelle moustique qui vient de sortir de sa nymphe n’est pas immédiatement apte à prélever du sang car les pièces buccales ne sont pas encore assez solides pour cela. Il faut plusieurs heures après l’émergence de l’adulte de la nymphe pour que la trompe soit suffisamment dure et lui permette de transpercer la peau de l’hôte. 

Reproduction chez les moustiques

Bien souvent les femelles ne s’accouplent qu’une seule fois. L’accouplement avec le mâle se fait généralement en plein vol. Les mâles sont équipés d’antennes plumeuses bien plus développées que celles des femelles. Cela leur permet de localiser à distance un partenaire.

Une fois fertilisées les femelles pourront par la suite pondre à plusieurs reprises durant leur vie adulte. Ceci est rendu possible car la femelle conserve les spermatozoïdes du mâle et peut ainsi féconder ses oeufs tout au long de sa vie.

Une femelle gravide, c’est-à-dire prête à pondre, va se mettre à la recherche d’un site propice. Il s’agit d’un plan d’eau. Parfois un petit volume est suffisant pour des espèces comme le moustique tigre. Ce dernier trouvera un milieu suffisant dans les soucoupes sous les pots de fleurs, l’eau contenue dans de vieux pneus et tout autre récipient improvisé. La ponte comporte entre 30 et 300 oeufs. Cette quantité est fonction de l’espèce. Les lieux où pondent les moustiques sont nommés gîtes larvaires.

La durée totale entre la ponte et l’émergence de l’adulte est fonction de l’espèce mais surtout des conditions environnementales et de la température de l’eau en particulier. Chez la plupart des espèces cette durée est de 7 à 15 jours lorsque les conditions sont optimales. Le moustique tigre dans ces mêmes conditions peut émerger après 5 jours de développement et de croissance aquatique.

Après la ponte, la femelle va de nouveau chercher un hôte pour se nourrir de nouveau de son sang. Elle pourra piquer environ tous les deux à trois jours pendant toute sa vie. C’est cette particularité qui font des moustiques des vecteurs efficaces pour de nombreuses maladies tropicales.

Choix d’un site de ponte

Une pièce d’eau suffisamment exposée au soleil sera souvent le lieu idéal de ponte. En effet, la présence de plantes ou d’algues garantie la disponibilité de suffisamment de matière organique pour que les larves puissent se nourrir. Certaines espèces ont leurs préférences pour les marres forestières situées à l’ombre des grands arbres. L’eau stagnante est préférée à l’eau en mouvement.  

Les moustiques sont des insectes qui s’adaptent de nombreuses qualités d’eau. Les larves se retrouvent aussi bien en eau douce qu’en eau saumâtre. Et bien souvent dans des eaux polluées par les activités humaines.

Alimentation des moustiques

Les moustiques adultes sont nectarivores. C’est-à-dire qu’ils s’alimentent du nectar de fleurs et de jus sucré prélevés sur les fruits arrivés à maturité. Cette alimentation riche en glucides – c’est-à-dire en sucres – suffit à couvrir leurs besoins énergétiques.

Les moustiques adultes sont avant tout nectarivores.
Les adultes trouvent dans le nectar les nutriments nécessaires à leur survie. Seules les femelles sont également hématophages.

Seules les femelles ont recours à un régime hématophage. Elles doivent se nourrir du sang d’un animal hôte pour qu’elles soient en mesure de développer leurs oeufs. Deux à trois jours sont nécessaires durant lesquels, elle va rester immobile, abritée par la végétation ou sous un abri. On notera toutefois que chez certaines espèces du genre Culex la première ponte peut se réaliser sans que la femelle ne s’alimente de sang.

Au stade larvaire, ces insectes s’alimentent des micro-organismes (bactéries, algues, zooplancton) et de la matière organique qu’ils trouvent dans l’eau et plutôt dans le fond du plan d’eau.

Après quelques jours la larve suffisamment nourrie va se métamorphoser en nymphe. Celle-ci ne s’alimentera pas. 

Anopheles gambiae ne fait pas partie des moustiques de France
Cette femelle Anopheles gambiae pour résister au choc thermique provoqué par l’ingurgitation d’une grande quantité de sang doit évacuer la chaleur par évaporation. Elle va donc excréter une goutte d’un mélange de sang et d’urine. Celle-ci en s’évaporant va refroidir l’insecte.

Spécificité entre moustique et hôte

Le choix de l’animal hôte est tourné vers un vertébré. Il peut s’agir d’un batracien, d’un reptile, d’un oiseau ou d’un mammifère. Certaines espèces sont spécialisées sur une espèce ou un petit groupe d’espèces. D’autres sont beaucoup plus généralistes et peuvent aussi bien s’attaquer à des oiseaux qu’à des mammifères.

Les espèces plus spécialisées sont plus enclines à transmettre des agents pathogènes. Toutefois, les espèces généralistes peuvent aussi être vectrices de zoonoses. C’est-à-dire de maladies qui passent de l’animal à l’Homme. Citons comme exemple de zoonoses le virus Usutu et la fièvre du Nil occidental qui touchent surtout les oiseaux mais qui peuvent parfois passer à l’Homme et provoquer des maladies.

Trois moustiques qui piquent une grenouille.
Trois moustiques qui piquent une grenouille.

Cette orientation alimentaire va aussi induire le comportement de vol de l’insecte. Les moustiques qui prélèvent du sang sur les oiseaux vont voler à plusieurs mètres au dessus du sol et fréquenteront la canopée des arbres. D’autres qui s’attaquent aux mammifères voleront à proximité du sol à la recherche d’un hôte. Nous faisons alors l’expérience des piqûres au niveau des chevilles ou sur les jambes.

Période et lieux d’activité des femelles

Parmi les espèces qui se nourrissent du sang de l’Homme, certaines vous s’y attaquer durant la nuit alors que d’autres le feront durant la journée. Le moustique tigre est une espèce active durant la journée et principalement en fin d’après-midi.

Certaines espèces seront davantage aptes à piquer à l’extérieur des habitations et d’autres à l’intérieur de celle-ci. Les stratégies sont nombreuses et adaptées aux proies recherchées par ces insectes.

Comment le moustique trouve t-il son hôte ?

Les odeurs que l’hôte dégage vont attirer les moustiques femelles. Le dioxyde de carbone qui est le gaz produit par la respiration et expiré par l’animal est un attractif puissant. Certaines espèces détectent à 20 mètres de distance les effluves de CO2. Les moustiques sont capables de détecter des variations infimes de la teneur en CO2 dans l’air. On parle de 50 parts par millions.

Mais la peau produit aussi d’autres substance qui attirent ces insectes. L’une de ces molécules est l’acide lactique. Enfin la chaleur et l’humidité dégagées par l’hôte renforcent l’attraction. Les scientifiques ont même déterminés que c’est ce “cocktail” de différents signaux qui poussent les moustiques à l’attaque, plus que des stimulus pris isolément. Il y a donc une action synergique de ces différents composés chimiques.

C’est pour cela que les pièges à moustique les plus performants dégagent des phéromones et diffusent de dioxyde de carbone afin d’attirer et aspirer les moustiques à la recherche d’un hôte.

Quelle est l’espérance de vie d’un moustique ?

L’espérance de vie d’un moustique est fonction de la saison. Les moustiques qui passe l’hiver dans nos régions tempérés peuvent vivre 4 mois. Alors que les moustiques vivant durant l’été auront une espérance de vie plus courte, un à deux mois.

La diapause chez les larves et les adultes

Toutes les espèces n’ont pas la capacité de passer l’hiver au ralentit. C’est-à-dire en diapause. Ainsi des espèces comme Aedes aegypti ne peuvent pas s’implanter en France métropolitaine. Néanmoins, il est possible que le réchauffement ne leur soit favorable dans le futur.

Les genres de moustiques présents en France

Trois genres (Aedes, Anopheles et Culex) rassemblent les moustiques nuisibles en France.

Si vous souhaitez en apprendre davantage sur les moustiques en France et les espèces proches voici nos pages consacrées :

Pour aller plus loin…

Et devenir incollable en insectes piqueurs, nous avons rédigé des ressources sur :